Habitat

[Soins] Habitat

Qu’y a-t-il à rejeter dans un grand espace ouvert, vert et rempli de chevaux à admirer… ?
Photo par Leila Pagès, à l’élevage Laurence of Arabians.

Quand on devient le gardien d’un cheval (qu’on soit propriétaire ou qu’il nous soit confié), se pose la question épineuse de son habitat. Vivra-t-il au box ? Au pré ? Quid du coût, de la place dans les écuries proches de chez soi, de l’avoir à la maison ? Tant de questions qu’on va aborder rapidement dans cet article.


Les différents habitats disponibles

Il existe une multitude d’habitats différents proposés pour le cheval. Je crois même qu’il existe à peu près autant d’habitats possibles que d’écuries !
En voici une petite liste, bien entendu non exhaustive.

  • Le box :
    De dimension restreinte le plus souvent (3x3m, soit 9m², soit une chambre du CROUS ou une chambre de bonne sous les toits…), il contient une litière (paille, copeaux, lin…) qui peut reposer sur différents sols (terre, bitume, dalles de caoutchouc…)
    C’est l’habitat le plus couramment retrouvé dans les écuries du monde entier, parce qu’il permet de protéger des conditions climatiques, de « stocker » des chevaux sur une petite surface, de garder des chevaux propres… Mais il engendre son lot de risques : troubles vasculaires, comportementaux, alimentaires… Il est très souvent plus cher que les autres habitats, alors qu’il engendre la facture vétérinaire la plus élevée à long terme. Allez comprendre 😉
  • Le box-paddock restreint :
    Le cheval vit au box et est sorti un nombre limité d’heures par jour dans un paddock. Le paddock peut être de taille variable (parfois à peine plus grand que le box), en sable ou en herbe, individuel ou en groupe… A savoir que pour respecter le bien-être du cheval, il lui faut un accès à l’extérieur au moins 12h par jour, 7j/7, ce qui est rarement respecté dans ces formules…
  • Le box-paddock ouvert :
    Le compromis le plus acceptable entre le box et le pré individuel. Il s’organise généralement en un box de 3x3m ouvert H24 sur un paddock, le plus souvent au fil avec les voisins de box. Cette organisation autorise les chevaux à gérer leurs déplacements (même s’ils restent limités) et leurs interactions sociales (avec un nombre limité d’individus, mais c’est déjà ça…).
  • Le pré-box :
    Dans la formule la plus courante, le cheval passe la nuit au box et la journée au pré, en groupe. Elle peut être intéressante pour les chevaux qui ont des fragilités envers les intempéries ou le froid, comme les chevaux âgés. Il est à noter que, comme tout mode de vie où l’humain décide du temps passé en extérieur, il est souvent difficile de respecter les besoins de 12h/jour en extérieur, 7j/7.
  • Le pré individuel avec abri :
    Il permet de mettre un cheval ferré des quatre pieds ou nécessitant un protocole sanitaire spécifique au pré H24, sans risquer les blessures avec un congénère. Loin d’être un idéal, il permet néanmoins d’assurer au cheval un accès constant à l’extérieur et un espace suffisant pour bouger. La présence d’autres chevaux au fil peut permettre d’assouvir un minimum de besoins sociaux.
  • Le pré en groupe avec abri :
    C’est l’habitat le plus simple qui permet de répondre aux besoins vitaux du cheval (mouvement, groupe social). Selon s’il est organisé en « carré d’herbe » ou en pâturage tournant avec couloirs (équipiste), il génère plus ou moins de mouvements dans le groupe, il permet ou non un bon renouvellement de l’herbe et peut ou non apporter des stimulations intellectuelles supplémentaires (notamment s’il comprend différents espaces, comme un bois, un cours d’eau, du relief…). C’est aussi l’habitat le moins coûteux pour le gardien de l’équidé.
  • L’écurie active :
    C’est un concept plutôt récent, qui fait l’objet de réflexions par l’IFCE comme le futur mode d’hébergement des chevaux sur une surface réduite. Le principe est d’avoir une zone de vie avec un revêtement permettant d’être praticable à l’année et comportant une zone de couchage et de repos, une zone d’affouragement, un ou des distributeur.s automatique.s de concentrés et de minéraux, un ou des abreuvoir.s automatique.s, des zones de circulation avec différents revêtements de sol (stabilisés) et une zone de roulage et de jeu.
    Le cheval vit dans un terrain de taille limité mais exploité au maximum pour favoriser les déplacements et les interactions sociales positives. Il est cependant difficile et coûteux à la mise en place, donc peu d’écuries proposent ce mode d’hébergement. De plus, certaines modalités comme les restrictions sur le temps d’alimentation peuvent générer du stress chez certains chevaux, ce qui doit être géré en conséquence, au risque de créer des conflits dans le groupe.
  • Le paddock paradise :
    Concept longuement discuté, il se rapproche de la vie en pré avec rotation de parcelles et couloirs, à la différence que le paddock paradise met un point d’honneur à espacer les différents lieux de vie (alimentation, abreuvement, abri, etc) et les différents sols (terre, herbe, cailloux, rondins de bois…) afin de stimuler au maximum les chevaux, et que l’alimentation fourragère est uniquement à base de foin. Là encore, une attention particulière doit être apportée à la conception pour éviter des points clefs, comme des couloirs trop étroits ou un nombre insuffisant de râteliers à foin, pouvant générer du stress et des conflits.

Quel habitat pour quel cheval ?

Pour Bashshar, l’abri c’est utile en été pour faire la sieste à l’ombre, mais franchement pas en hiver… Quand il pleut, il préfère rester en pleine tempête plutôt que de s’abriter !
Photo par Leila Pagès, à l’élevage Laurence of Arabians.

Certains humains aiment se rassurer avec des vérités absolues : un cheval de concours « ne peut pas » vivre dehors ou au contraire, un cheval « doit » passer sa vie dehors, ou bien encore « le paddock paradise est le meilleur mode de vie possible »…
Pourtant, ce n’est jamais si simple et les absolus sont bien rares avec les chevaux…

Un cheval en bonne santé profitera d’une vie en extérieur et en groupe, de préférence avec un environnement varié et favorisant les déplacements (parcelles en rotation, couloirs, bois, rivière, etc…), comme un pré en troupeau, un système de Paddock Paradise ou d’écurie active.

Mais ce même cheval peut se blesser et nécessiter une immobilisation temporaire : un système de box-paddock ouvert peut permettre de restreindre ses déplacements tout en lui laissant la possibilité de voir le jour et des copains au fil.

Ce même cheval peut vieillir également, auquel cas le système de pré-box lui permet de se reposer la nuit sans stimulation excessive des plus jeunes. Généralement, ce sont des chevaux qui n’ont même pas besoin d’être « ramenés » au box : ils comprennent suffisamment où est leur intérêt pour qu’ils s’y dirigent spontanément… Je pense par exemple à la jument Aba de Laurence of Arabians, qui vit le jour avec les poulains de l’année et leurs mères, et dort la nuit dans un box double.

Un autre cheval peut être tellement stressé qu’il engagera dans des comportements agressifs à chaque interaction avec un congénère. En attendant qu’il gère mieux ses émotions, une vie en pré individuel peut lui permettre de mettre de la distance avec les individus qui le font monter en stress tout en pouvant interagir au fil avec eux.

De même, un cheval entrant dans une nouvelle écurie doit respecter une période de quarantaine pour éviter la propagation involontaire de maladies contagieuses. Un pré individuel avec un double-fil pour que les chevaux se voient sans pouvoir se toucher est ici le meilleur compromis à mes yeux.

La vie au box, à mon sens, se justifie difficilement en dehors de conditions exceptionnelles comme un déplacement temporaire dans un lieu nouveau sans possibilité de paddock, par ex en concours ou en clinique vétérinaire. Dans ce cas, le gardien de l’équidé devrait s’attacher à permettre à son cheval le plus de temps de sortie possible et un box le plus grand possible (et propre, il va sans dire).


Quel habitat pour quel cavalier ?

Si on demande à Gaya (propriété de Gwena Dlg) et Nocturne, ils n’hésiteront pas à nous répondre que le pré, c’est top ! Mais quand il s’agit de les étriller en hiver avant un concours, leurs cavaliers ne seront peut-être pas du même avis….
Photo prise aux écuries de Vitelle, à Louvre.

Soyons réaliste. Notre cheval a rarement son mot à dire dans le choix de son habitat… Par contre, le confort du cavalier prévaut bien souvent sur le bien-être de sa monture !

On a le cavalier de concours (quel que soit le niveau… Des cavaliers sortant en Club 2 peuvent avoir les mêmes attentes que des cavaliers en Inter…) qui va vouloir que son cheval soit prêt en 5 min quand il arrive, parce qu’il ne faudrait pas perdre de temps à l’entraînement. Impensable pour eux, donc, d’avoir un cheval vivant au pré et crotté de boue toute l’année !
Et pourtant… On peut citer Ilaria Sutera qui réussit à combiner sport de haut niveau et mode de vie des chevaux adapté à leurs besoins fondamentaux.
Et je ne parle même pas des cavaliers ignorants, qui croient bien faire en achetant un cheval et en le laissant vivre au box… Ils sont malheureusement légions, victimes sans le savoir de la démocratisation de l’équitation et d’un nivellement des connaissances équestres vers le bas (mais c’est un autre sujet…)
Il y a donc une grande remise en question à pratiquer au niveau du cavalier.

Que veut-on réellement ? Un cheval-outil, prêt à être utilisé dès qu’on le souhaite ? Ou un cheval-partenaire, qui est aussi comblé que nous pendant les 22h de la journée où on ne se voit pas ?

Même dans le cas du cheval-outil, le modèle économique pourrait transitionner de la vie au box à une vie en extérieur avec préparation du cheval par un groom dédié avant l’arrivée du cavalier. Comme ça tout le monde est content : le cavalier peut sauter sur son cheval dès son arrivée, le cheval passe sa journée à satisfaire ses besoins fondamentaux et le groom a trouvé un emploi !

Soyons acteur du futur de notre filière et promouvons les modèles d’écurie favorisant le bien-être équin et non simplement le confort du cavalier. Notre choix de lieu de vie pour nos chevaux conditionne les prestations que les écuries cherchent à offrir à leur clientèle potentielle. Si on arrête de mettre nos chevaux au box, et qu’on demande une prestation de groom avant notre arrivée, les écuries seront bien obligées de suivre !


L’habitat de rêve à mes yeux

Mon rêve, qui est aujourd’hui un objectif très sérieux, est d’avoir mes chevaux chez moi.
Mais hors de question pour moi qu’ils vivent dans un paddock de 10mx10m au fond du jardin ou dans des boxes, parce que c’est plus pratique… Si je veux qu’ils soient chez moi, c’est pour arrêter de faire des compromis parce que j’ai des exigences trop importantes pour les pensions classiques.

Les chevaux pourront bénéficier de pâturages suffisants à l’année, avec un système de rotation de parcelles et de couloir. La parcelle sera suffisamment riche en stimulations intellectuelles (buissons, arbres, ruisseaux, bois, buttes et dévers, etc). Elle sera également stabilisée aux zones d’afflux (entrée, râtelier, point d’eau) car la région est humide.
En bref, surtout pas des carrés d’herbe ! Une organisation de type équipiste, avec une multitude de points d’intérêt, sera aménagée.

Une écurie équipée d’une graineterie, d’une sellerie et d’un espace de préparation adaptés et couverts est présent, pour mon confort de cavalière. 😉
De plus, la présence de 1 à 2 boxes infirmerie (d’une taille comprise entre 10 et 20m²) nous permettra d’assumer certains soins intensifs.

Afin d’assurer la poursuite des projets du Cheval Qui Murmure, une carrière sera probablement construite, d’une taille et d’une qualité suffisantes pour le travail régulier de chevaux de sport.
Un espace couvert d’accueil de visiteurs permettra l’organisation d’événements de présentation de l’activité ou de stages.
Pour voir encore plus loin, un logement d’accueil au niveau des écuries sera aménagé, pour avoir un œil en continu sur les troupeaux. Bien sûr, le tout autour d’une habitation principale de taille suffisante pour accueillir notre famille, avec mon bureau ayant vue sur la pâture.

L’habitat de rêve me permet de combler les besoins fondamentaux de mes chevaux tout en me permettant d’avoir un minimum de confort en tant que cavalière.
C’est pour moi la possibilité d’apporter tous les soins souhaités aux chevaux (alimentation, podologie, massages, activité physique) sans devoir faire de compromis, parce que l’écurie est loin ou que les prestations ne correspondent pas à mes attentes.
C’est pour vos chevaux la possibilité de recevoir des soins sur-mesure et autant que nécessaire, pour les accompagner toujours mieux vers leur nouvelle vie.

Plus de détails sur la perle rare dans les semaines à venir !


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